Galerie Ecart
24 juin 1976 Galerie Ecart, Genève
© Archives Ecart, Genève
Le groupe Ecart n’a pas systématiquement documenté les expositions présentées dans sa galerie de la rue Plantamour, à Genève. Bien qu’il soit aujourd’hui possible de réunir l’ensemble des cartons d’invitation produits par le groupe en amont des évènements qu’il organisait, les prises de vues des expositions, des performances ou des vernissages sont en revanche plus rares. C’est pourquoi la correspondance échangée avec les artistes constitue une documentation précieuse : il arrive d’y trouver des plans d’accrochage, ou encore les descriptions détaillées de leur projet d’exposition. En voici trois exemple.
Tout d’abord, celui de la seconde exposition d’Endre Tót à Ecart, TÓTalJOYS, en juin 1976. L’artiste, alors établi à Budapest, était parvenu à obtenir un visa de voyage pour la Suisse au bout de difficiles démarches administratives. Son projet TÓTalGLADNESSES on the Street, entièrement réalisé à Genève, témoigne ainsi de sa joie à pouvoir conduire une action artistique dans l’espace public, alors qu’il était confronté à une censure quotidienne dans son pays natal. Cette performance, exécutée dans les rues de Genève (et dont nous reproduisons ici les instructions) a été amplement photographiée et filmée par le groupe Ecart, qui a ensuite exposé les prises de vue dans sa galerie et les a reproduites dans un livre d’artiste.
Ruedi Schill a, pour sa part, entretenu de nombreux rapports avec le groupe Ecart. Non seulement en tant qu’artiste, mais aussi en tant que gérant du petit espace alternatif APROPOS, à Lucerne, qui existe encore aujourd’hui, et qui a accueilli les expositions des membres d’Ecart à plusieurs reprises. Dans la lettre que nous reproduisons ici, il détaille l’accrochage de son exposition Photoworks, Prints, Film-Installation, qui s’est tenu à Ecart du 28 septembre au 18 octobre 1977. Bien plus que son contenu lui-même, c’est le ton informel de la lettre qui retient l’attention : il rend compte de « l’économie » de l’amitié qui avait court à Ecart, une galerie dont la programmation réunissait des artistes expérimentaux dont l’état d’esprit était proche de celle du groupe.
L’exposition d’Anthony McCall à Ecart demeure quant à elle assez mystérieuse, malgré le plan détaillé envoyé par l’artiste. Initulée Reconstructing the Missing Photograph, elle avait été organisée dans le cadre de l’exposition Sarah Charlesworth, Joseph Kosuth et Anthony McCall, « Préface » International Local, en collaboration avec le Centre d’art Contemporain, qui occupait alors les locaux contigus à ceux d’Ecart. Plus que l’exposition elle-même, la lettre et le plan de McCall sont révélateurs de ses méthodes de travail, de sa précision et de sa capacité à mettre ses œuvres en espace. Les dessins signés de la main de cet artiste, qui emploie essentiellement des médiums immatériels, sont en outre rares, ce qui rend ce document d’autant plus précieux.